L’homme sans patience, c’est comme une lampe sans huile.
L’homme sans patience, c’est comme une lampe sans huile.
Texturé, audacieux, magnétique.
» L’homme sans patience, c’est comme une lampe sans huile. »
Alfred de Musset
A vrai dire je ne crois pas, mais peut-être le vôtre !
J’ai grandi à Paris, donc mes plus vieux souvenirs parfumés sont surtout urbains. À cette époque, je n’étais pas vraiment conscient de la signification de mon odorat.
Je sentais TOUT.
Je me souviens de l’odeur du plastique des nouveaux jouets, de l’odeur du souffle de l’air dans les tunnels du métro. Des odeurs de métal chaud et de béton.
Enfant, je sentais tout, même une poignée de main ! J’appréhendais le monde par les odeurs, davantage que par les parfums…
Ma mère et mon grand-père étaient employés chez Roure à Argenteuil, l’une des grandes sociétés de parfumerie du XXe siècle. J’ai découvert ce métier très tôt, mais l’idée m’est venue beaucoup plus tard.
Sentir, composer, répéter.
Les fleurs classiques : jasmin, rose, tubéreuse, violette, avec très peu de pétales, on peut reconstituer le spectre olfactif floral en entier ! C’est fascinant et l’étude de leur composition chimique me passionne.
La fleur d’oranger : une matière première d’une très grande richesse qui décline ses facettes de la plus pure innocence aux charmes les plus vénéneux. Une performance !
La fleur de cassie : Un genre de mimosa en plus dense, plus rond, plus mystérieux… Un ingrédient pas facile, avec des effets soufrés et aldéhydés à apprivoiser, mais que j’aime travailler…
Les notes animales : ambre gris, castoréum, civette, musc, les indispensables dans l’écriture de la sensualité !
Le santal : naturellement presqu’un peu musqué, l’un des produits les plus voluptueux de la parfumerie en dehors des notes animales.
Je pense que les molécules de synthèse, si l’on les considère comme fruit de la parfumerie moderne, sont arrivées dans le métier pour élargir la palette des parfumeurs et enrichir nos créations. Ces molécules nous permettent de travailler avec certaines odeurs que nous ne pouvons pas extraire de la nature ou bien de créer des odeurs complétement inattendues. Bien sûr, les ingrédients synthétiques nous permettent d’apporter encore plus de créativité à nos créations.
L’inspiration ? Je la cherche souvent à partir d’un thème central, composé autour d’une matière première que j’ai envie d’évoquer. Puis je la façonne, avec des reliefs, des effets de volume et de contraste.
J’ai toujours été très curieux, et j’aime sentir et découvrir de nouvelles odeurs, de nouvelles associations. Je retrouve aussi certaines combinaisons intéressantes dans la gastronomie et la cuisine par exemple.
C’est toujours la grande question. Suis-je allé trop loin, ou pas assez ? Il faut savoir s’écouter et s’arrêter. Finalement on le ressent… c’est un peu comme un dessin ou une peinture
J’aime voir et sentir comment elles évoluent sur la peau. Il m’arrive donc de les porter.
Des notes de fond volatiles, des citrus persistants, tout ce qui peut changer l’ordre des choses et transformer la perception des parfums me fait rêver. Pour cela, nous aurons besoin d’appréhender autrement la formulation, comme une nouvelle cuisine des ingrédients, pour leurs donner des effets inattendus… Pour moi c’est cela le futur de la parfumerie, et c’est avec la technologie et la recherche que nous arrivons à aller plus loin.
Toutes les personnalités sont intéressantes et m’inspirent beaucoup. Un caractère, un style vestimentaire, une façon de parler, ou de se mouvoir, tous ces petits détails qui reflètent une personnalité animent ma créativité.
J’ai grandi, beaucoup appris durant mes diverses expériences, et j’ai toujours travaillé le parfum comme une forme olfactive, tel un sculpteur ou un architecte… Me plonger dans l’étude scientifique de la constitution d’une matière première naturelle pour me laisser gagner ensuite par son esthétique est pour moi une grande satisfaction de l’esprit.