Le parfum a des pouvoirs magiques, insoupçonnés.
Le parfum a des pouvoirs magiques, insoupçonnés.
L’accord des bois, patchouli, cèdre, santal, et l’encens présents dans les trois créations.
J’ai tout de suite imaginé dans l’atmosphère tamisée des notes de bois, de cuir, une note épicée fraîche qui joue le contraste, et comme un échos aux volutes de fumée, des notes d’encens.
J’avais envie de créer un parfum poudré, doux, baumé, réconfortant, musqué avec des accents aromatiques, romarin comme des fumigations.
C’est naturellement le travail des artistes qui m’a inspiré. J’ai voulu partir de bois plus bruts un peu râpeux, ligneux comme le cèdre et le patchouli. J’avais aussi en tête l’humidité des pierres froides, le côté sec des écorces de cannelle. J’ai facetté ces matières et assoupli avec des muscs.
J’ai rencontré Jean-Pierre Marois pour la création de l’identité olfactive des Bains. Je connaissais « Les Bains » de renom, son histoire liée à tous ceux qui l’ont fréquenté. L’immeuble était alors en travaux et Jean-Pierre nous a ouvert les portes du lieu. J’ai trouvé ça assez dingue d’être là, de sentir encore cette atmosphère un peu sulfureuse, d’être privilégiée aussi de découvrir avant tout le monde le bâtiment rénové .
C’est un lieu inspirant magnifique au delà de son histoire.
J’en ai de nombreux mais il en est un qui revient chaque été dans notre jardin en Normandie. Quand le soleil se couche, avec l’humidité qui tombe, l’odeur de la terre qui révèle tous les parfums emmagasinés dans la journée, les fleurs opulentes, l’humus, l’herbe coupée; c’est une émotion à chaque fois renouvelée. D’autres souvenirs aussi sont liés à la cuisine, épices, herbes aromatiques. C’est dans la cuisine et au jardin qu’est née ma passion pour les parfums.
Deux parfumeurs sénior m’ont aidée à mes débuts.
Raymond Chaillan qui m’a transmis le goût des belles matières.
Martin Gras qui grâce à son enthousiasme m’a donné confiance en moi et j’ai pu alors mener à bout mes projets.
Le parfum a des pouvoirs magiques insoupçonnés, provoquant des émotions indescriptibles; impalpables et je crois que j’avais envie de faire « battre les
cœurs ».
Le moment déclencheur a été celui d’une rencontre avec un parfumeur. Je ne savais pas qu’on pouvait en faire son métier. De cette rencontre est née ma vocation.
Cela peut paraître répétitif mais en fait je mène plusieurs projets de front.
Le matin, j’évalue les essais de la veille, notes de fond et je rectifie les équilibres.
Je fais le point sur les créations en cours avec l’équipe commerciale et avec les marques qui nous ont confié les projets.
J’ai la chance d’avoir à disposition dans ma collection des matières premières de grande qualité. Je suis curieuse de nature et quelque soit le lieu ou le pays où je me trouve mon « nez est en alerte ».
A mes débuts, j’avais des à priori sur certaines matières et petit à petit je me suis rendue compte qu’en les utilisant, qu’en les apprivoisant, je découvrais des facettes intéressantes et qu’en surmontant la difficulté, je réussissais souvent à créer de beaux accords .
J’ai naturellement des matières fétiches, l’encens, les notes boisées comme le patchouli qui pour moi a de multiples facettes, les notes cuir.
C’est difficile de répondre à cette question , on me dit souvent que c’est à travers mon travail sur les notes boisées, sur ma façon de les mettre en lumière, d’en mettre en valeur les facettes qu’on reconnaît mes créations.
La parfumerie de niche nous permet d’explorer des accords plus singuliers, de façonner la matière.
Prendre son temps, le suivre sur la peau mais aussi le vaporiser dans une pièce. Fermer la porte et ouvrir à nouveau pour le découvrir dans sa globalité. Ne pas chercher à reconnaître les ingrédients, se laisser aller et séduire ou non.
Sur tous les points où passe une veine, les points de saignée, (à l’intérieur du poignet, au creux du coude, au creux du genou) sur les ourlets des vêtements, en touche légère sur les cheveux (ça dessèche les cheveux).
Les parfums n’évoluent pas de la même façon d’une personne à l’autre, sur ceux qui ont la peau très sèche, le rendu n’est pas le même. Sur deux personnes différentes, la perception de certaines matières premières est différente.
Le parfum doit être immédiat, bien entendu certains ont des dominantes de coeur ou de fond mais on attend qu’un parfum se découvre dès le départ.
Oui, j’aime les notes chyprées, ce ne sont pas des parfums monolithiques. C’est comme un jardin anglais, on en découvre au fur et à mesure les facettes. J’aime les colognes et les notes boisées brutes.
J’ai toujours eu la curiosité de sentir, je crois avoir développé ce sens au fur et à mesure et bien sûr il se travaille quotidiennement .