La pause goûter avec Le Nez Fanny Bal
L'interview Les Bains Guerbois avec Fanny Bal.
lyn@lesbains-paris.com
Rencontre avec une femme inspirante et joyeuse !
Définissez « 2018 Roxo Tonic » en trois mots.
Energie, Pétillant, Addictif.
Votre cocktail préféré ?
En fait, à la soirée de lancement de mon parfum pour les Bains, votre bartender avait réalisé un cocktail inspiré par mon parfum, et je crois que c’est le meilleur cocktail que je n’ai jamais bu !
Quel est votre premier souvenir olfactif ?
Un des premiers : le parfum de ma mère Rive Gauche d’Yves Saint Laurent, dont j’empruntais quelques vaporisations à chaque occasion.
D’où vient votre passion ?
Aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours été curieuse des odeurs, mais j’ai découvert le métier de parfumeur pendant mes études de chimie et c’est à ce moment que tout a commencé.
À quoi ressemble votre journée type ?
Quand je le peux, j’aime beaucoup commencer ma journée par un petit run matinal, qui m’apporte une belle énergie pour toute la journée. Après avoir pris mon thé tranquillement, je commence par lire mes mails et organiser ma journée, même s’il est très rare que ce plan se déroule comme prévu !
Ensuite, la première chose que je sens en arrivant au bureau, ce sont les notes de fond des essais que j’ai réalisés la veille.
A partir de cela, je prépare des modifications sur ces notes et je les envoie à mon assistante.
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C’est généralement à partir de ce moment là que mes collègues commencent à venir me voir pour travailler sur nos projets, et la journée se déroule au rythme des échanges et des évaluations en équipe.
Avez-vous des matières premières « fétiches » ?
J’aime particulièrement les muscs, dont la patine si douce et sensuelle apporte un caractère unique. J’aime également beaucoup le cashmeran, qu’on retrouve dans Alien et la fleur d’oranger.
Utilisez-vous des matières naturelles, synthétiques ou une combinaison ? Pourquoi ?
Les deux ! Les unes révèlent les autres, c’est toujours un jeu d’équilibre entre les différents types d’ingrédients et leurs caractères pour arriver à une jolie composition harmonieuse.
Votre destination préférée pour trouver des nouvelles inspirations olfactives ?
Les meilleures idées viennent très souvent au détour d’une discussion avec des amis, des collègues, ou Dominique par exemple ! Nous avons la chance de pouvoir voyager avec les parfums tous les jours, ce qui rend ce métier si passionnant !
Comment vous entraînez votre nez au quotidien ?
En réalité, je l’entrainais avant sentant les matières premières par famille olfactives, mais maintenant que c’est mon métier, je le fais sans vraiment m’en rendre compte en travaillant sur les projets. J’essaie cependant toujours de mettre sur le nez sur des « choses de la vraie vie », comme des fleurs évidemment, des desserts, un vieux livre, enfin tout ce qui pourrait être inspirant !
Comment arrivez-vous à savoir que le parfum a atteint son apothéose ?
Il vient un moment où l’on sent que le parfum atteint un équilibre, une signature et une singularité. Nous pourrions toujours continuer, sans fin, à modifier des choses, mais il faut savoir s’arrêter et lorsque je retrouve ces trois éléments, c’est un signe que nous y sommes.
La chanson qui stimule votre créativité ?
Je n’en ai pas une seule en particulier, mais j’ai souvent des chansons du moment que j’aime écouter pendant la création, et en ce moment c’est le dernier album de Milky Chance.
Est-ce que vous portez vos propres créations ?
Je porte presque quotidiennement les projets sur lesquels je travaille. Il est indispensable de vivre un parfum, de sentir son évolution au cours de la journée pour arriver à ce fameux équilibre. J’ai aussi quelques parfums que j’aime porter en certaines occasions, même si ce ne sont pas les miens, comme Portrait of a Lady de Frederic Malle, que je porte souvent pour une soirée habillée.
Le futur de la parfumerie. Est-ce que vous pensez que des algorithmes pourront compléter votre travail en tant que nez ?
Les outils d’intelligence artificielle et les algorithmes peuvent être un formidable outil d’accompagnement de la création, que les parfumeurs pourront choisir d’utiliser, de consulter, puis de suivre les recommandations ou au contraire de les détourner ! C’est un outil supplémentaire dans notre palette et la technologie ouvre des possibilités particulièrement intéressantes.
Quels personnages vous inspirent au quotidien ?
Cela peut sembler évidemment, mais Dominique, qui m’a tant appris sur le métier de parfumeur, reste au quotidien une grande source d’inspiration, aussi bien pour sa technique que pour sa gentillesse et sa simplicité.
Est-ce que vous avez déjà créé un parfum pour une personne en particulier (enfant, parents, amis, personnalités, etc.) ?
J’ai une très bonne amie qui se marie cet été, et qui m’a fait l’honneur de me demander de lui composer le parfum qu’elle portera pour le plus beau jour de sa vie !
Y-a-t-il de grosses différences (méthode, approche, esprit) entre les maisons pour lesquelles vous avez travaillé ? Lesquelles ?
Chaque maison a son histoire, ses références et sa signature. Lorsque j’ai composé pour les Bains par exemple, nous avons beaucoup parlé de l’histoire et de l’état d’esprit de la maison avec Jean-Pierre, nous sommes venus régulièrement au Roxo pour nous imprégner du lieu, et cela m’a permis de choisir presque naturellement des ingrédients qui reflétaient cet esprit. C’est ma façon de travailler, j’aime me plonger dans l’ADN de la marque pour trouver des idées créatives !
Un très grand merci à Fanny Bal et les équipes de IFF pour cet interview !